Air sec et pollué : la plainte principale des travailleurs
La mauvaise qualité de l’air entraîne des maux de tête, une fatigue oculaire et une baisse de la concentration chez les personnes qui travaillent sur écran
20 novembre 2024
Une personne sur trois qui travaille sur écran rapporte que l’air sur son lieu de travail est excessivement sec ou pollué. C’est ce qui ressort de l’auto-évaluation en ligne publiée par Attentia, expert en RH et Bien-être. Plus de 22 800 personnes qui utilisent tous les jours un ordinateur ou un autre écran ont répondu à cette enquête. Un travailleur sur cinq se plaint également du manque d’air frais dans son environnement de travail. De plus, la température au bureau est souvent un sujet de discorde.
Un air de mauvaise qualité causé par la climatisation, le chauffage et une ventilation mal réglée
Un air trop sec ou pollué par la poussière ou la fumée est la plainte la plus fréquemment rapportée par les personnes qui travaillent sur écran, souvent des employés de bureau. Un tiers des répondants (28,5 %) y sont confrontés, et les femmes (38 %) sont presque deux fois plus nombreuses que les hommes (23 %). Une personne sur cinq (18,7 %) se plaint également d’un manque d’air frais. Cette fois encore, ce désagrément est plus fréquemment rapporté par les femmes (25 %) que par les hommes (16 %).
Un air de mauvaise qualité entraîne une gêne physique et mentale : un tiers des travailleurs concernés par l’enquête (33,9 %) déclarent souffrir de maux de tête ou de vertiges au moins une fois par semaine. Ils rapportent également de la fatigue oculaire, une sensation de brûlure au niveau des yeux ou des larmoiements pendant la journée ou le soir (31 %). Un peu plus de la moitié d’entre eux (56,4 %) constatent une baisse de la concentration.
« Les plaintes concernant la sécheresse de l’air peuvent s’expliquer par l’utilisation de la climatisation en été et du chauffage en hiver », explique Jens Nobels, conseiller en prévention chez Attentia. « Refroidir ou chauffer l’air réduit l’humidité ambiante, ce qui rend donc l’air plus sec. D’autre part, en particulier dans les nouveaux immeubles de bureaux, les fenêtres ne s’ouvrent plus, afin de ne pas perturber les climatisations modernes. Ces systèmes fournissent théoriquement un air de meilleure qualité et filtré, mais ils ne sont pas toujours correctement réglés et entretenus. »
Une analyse obligatoire des risques liés à la qualité de l’air intérieur
Depuis 2019, la législation sur le bien-être au travail inclut l’obligation de garantir un air de bonne qualité. Les employeurs doivent donc faire procéder à une analyse des risques liés à la qualité de l’air, qui informera également les mesures à prendre.
Jens Nobels : « Il peut s’agir de mesures techniques, telles que l’installation d’un système de ventilation ou la modification des réglages et de l’entretien, mais aussi de mesures organisationnelles. On peut par exemple placer les imprimantes et les photocopieuses dans une pièce séparée, ne pas dépasser le taux d’occupation nominal de la pièce ou déplacer les bureaux. Les interventions ne sont donc pas toujours démesurées ou coûteuses. »
Depuis la pandémie de Covid-19, les compteurs de CO2 sont beaucoup plus répandus. Bien que la mesure de la qualité de l’air ne se limite pas à ce seul aspect, un appareil à CO2 peut donner une première indication de la qualité de l’air et de la ventilation d’une pièce. En effet, le taux de CO2 dans les locaux de travail augmente avec le nombre de personnes présentes.
Trop froid pour certains, trop chaud pour d’autres
La température est un sujet de discussion majeur au bureau. 9,5 % des répondants trouvent l’air trop froid, tandis que 8,6 % ont trop chaud au travail. Les femmes (15 %) sont beaucoup plus nombreuses que les hommes (6 %) à trouver l’air trop froid.
Jens Nobels : « Si les bureaux individuels étaient autrefois la norme, aujourd’hui, on trouve des open spaces partout. Il y a donc plus de personnes dans une même pièce, et il est plus difficile de trouver la bonne température pour chacun. En outre, les différences physiologiques entre les hommes et les femmes influencent le ressenti de la température. Un homme a généralement plus de tissus musculaires, conserve plus facilement sa température et la chaleur se répartit mieux dans son organisme. Les femmes ont plus de tissu adipeux et une circulation sanguine plus lente. Le corps féminin est prévu pour maintenir les organes au chaud, au détriment de la diffusion de la chaleur dans le corps. Cela favorise la sensation de froid, notamment au niveau des mains et des pieds. »
Tous ces facteurs contribuent au fait qu’une femme se sent (en moyenne) plus à l’aise dans un bureau où la température est comprise entre 23 et 24 degrés, alors que pour les hommes, l’idéal se situe entre 21 et 22 degrés. Il n’existe donc pas de température parfaite pour tous.
À propos de l’étude :
L’analyse a été réalisée sur la base des résultats de l’enquête « Auto-évaluation pour les travailleurs sur écran » menée par Attentia entre 2016 et 2024 auprès de 22 875 collaborateurs, principalement dans de grandes entreprises (>100 travailleurs). Depuis janvier 2016, les entreprises ne sont plus tenues d’organiser un examen médical pour les personnes qui travaillent sur écran. Elles doivent cependant encore prévoir une évaluation quinquennale des risques liés au travail sur écran. Pour être efficace, cette évaluation peut par exemple prendre la forme d’une auto-évaluation en ligne.